En 1996 , en pleine crise de la vache folle, nous avons fait le choix de travailler à la vigne selon les principes de l'agriculture biologique.

Aucun produit de la chimie de synthèse ne sont utilisés dans les parcelles. Les vignes sont labourées à la sortie de l'hiver, puis entretenues par binage du sol et tonte de l'enherbement.
 Outre l'aspect environnemental, cette façon culturale permet au système racinaire du cep de s'installer en profondeur. La plante se développe avec équilibre, elle est plus à même de se défendre des attaques parasitaires et de supporter les irrégularités climatiques.
Les raisins cueillis sont les fruits de la rencontre d'un terroir vivant avec une vigne heureuse ; rendre possible cette rencontre, c'est tout le sens de notre métier de vigneron.
Sur les 16 hectares du domaine, 11 sont plantés sur le plateau de Douces, à l'Est de Doué-la-Fontaine (AOP Saumur). Il s'agit d'une étroite bande géologique, composée d'un socle de calcaires du Jurassique (Bathonien) sur lequel, le Crétacée a déposé ensuite des argiles à silex. Nous avons donc un « terroir double » mais dont les deux éléments concourent à donner aux vins une expression de minéralité et de finesse.

Si la majorité du vignoble familial "historique" est implantée sur le plateau de Douces, le domaine s'est enrichi depuis 1986 de deux nouveaux ilôts aux terroirs très différents. Spécialement adaptés au Chenin, ils ouvrent de nouvelles façons de travailler ce cépage passionnant.

la pierre frite

Cet îlot de 7 hectares se trouve au plus épais du dépôt de silex. Les jeunes vignes plantées doivent  batailler ferme à travers les cailloux avant d'atteindre enfin la fraîcheur du calcaire.

Terroir exigeant qui nécessite une maturité irréprochable, les vins sont marqués par une belle acidité et une grande précision arômatique. Le chenin exprimera les agrumes , les fleurs blanches et des notes minérales incontestables. L'expression du cabernet franc ira, certes, vers les fruits rouges, mais souvent accompagnés de notes de cerises et de cassis.

C'est vraiment un terroir original du Saumurois !

Les Charbonnieres

Second îlot de 4 hectares sur le plateau de Douces, cette parcelle se trouve en bordure du Jurassique. Les silex se font moins présents qu'à « la pierre frite ».

C'est ici que l'on rencontre nos plus vieilles vignes de cabernet franc (plantations de 1954 à 1968). Nous effectuons avec elles un travail dont le but est de marier structure et finesse.

Au nez, on trouve les fruits noirs ou le cassis, avec une bouche pleine mais fraîche.

Les grands champs

La vigne des grands champs (1,3 hectares) est un jeune grolleau noir que nous avons planté en 2009. C'est la troisième plantation de ce cépage en cent ans. Mon grand-père en 1961, et le père de mon arrière grand-père en 1912, l'avaient installé déjà. 

Autrefois, ce cépage local était très répandu dans la région ; il est à l'origine des rosés d'Anjou. 

Le rosé des grands champs avait la réputation chez nous d'être, tous les ans, le meilleur de la cave. 

Mon arrière-grand-père, Joseph Pineau, se régalait d'une alouette grillée accompagnée dudit rosé.

Il s'agit là d'un sol  d'argile profond sur des schistes altérés. Un terroir simple pour un cépage simple. On ne recherche pas ici la complexité ni la structure mais le fruit et quel fruit ! C'est le binôme idéal pour produire cette gourmandise qu'est « la vie en rose », un rosé de méthode ancestrale  ; et sûrement bientôt, un beau rouge de soif. 

 le clos Florent 

Nous passons au Sud de Doué la fontaine, sur une parcelle de 2 hectares en léger côteau. En franchissant la route du Puy Notre Dame, nous quittons le calcaire pour le schiste.

Ce champ ne fait pas partie des « historiques » de la famille. Il a été acquis par mes grand-parents dans les années 80 pour le planter en chenin, sur le seul postulat que ce secteur avait pour les anciens, la réputation de « faire bon » avec le blanc. Je dois avouer ici que pendant des années, je n'y ai pas cru . L'horizon superficiel du sol, très riche, donnait à la vigne une végétation abusive, qui malgré des taux de sucres élevés, ne permettait pas une expression de la finesse que l'on peut attendre du chenin.

En 2008, nous avons entrepris une étude de terroir sur l'ensemble des parcelles du domaine, pour mieux comprendre le fonctionnement des sols. C'est à cette occasion que nous avons découvert, en profondeur, une très belle altération de schiste, riche en oligo-éléments et à même d'apporter une grande complexité. Dès lors, il s'est agit d'occuper la couche fertile par un enherbement spontané concurrentiel, qui oblige la vigne à s'alimenter par ses racines les plus profondes. Un autre axe de travail a consisté à changer le mode de taille « Guyot » pour une taille en cordon bilatéral, qui favorise des petites grappes, tout en permettant à la vigne d'exprimer sa vigueur végétative. 

Ces actions commencent à produire leurs fruits et j'ai maintenant la conviction que nous avons là, un grand terroir d'Anjou blanc. Je peux dire aujourd'hui, en pensant à mes grand-parents, que finalement, de façon empirique... ils avaient raison !

les mille rocs

Les mille rocs est une parcelle d' 1,3 hectares qui est classée en côteaux du layon. Elle est donc plantée exclusivement en chenin.

Depuis 2012, le choix a été fait de la vinifier en Anjou blanc sec. C'est l'occasion d'exprimer une autre facette du chenin, sur un registre puissant et massif.

C'est un sol limono-sableux qui repose sur une altération de schistes parfois très proche (30 cm). La vigne se situe sur le haut d'une coulée qui s'ouvre sur le Layon. Pour ce type de vin particulièrement, le travail du sol est intéressant ; en libérant des minéraux, les micro-organismes permettent à la vigne de donner un raisin plein de fraîcheur et de salinité qui équilibrent la sucrosité.